Il y avait un jeune vacher qui surveillait ses vaches dans la lède de Vensac.
Il avait dans son troupeau un beau taureau qui faisait son orgueil.
Mais depuis quelques temps, le vacher s'était aperçu qu'il disparaissait tous les jours, à peu près à la même heure.
Il voulut savoir où il allait et se mit à le suivre à la trace.
Le taureau, sans s'inquiéter, se dirigeait tout droit vers l'océan. Il descendit sur la plage, partit vers une petite butte de sable qu'il se mit à lécher et à gratter avec ses sabots. Le vacher ne comprit rien à ces gestes mais, le soir, il en informa ses patrons. L'histoire se répandit et des hommes, armés d'outils, allèrent à l'endroit indiqué.
Le sable fut rapidement enlevé et ils trouvèrent une très belle cloche en métal.
Les seigneurs d'alors, qui étaient les maîtres du pays, décidèrent de la faire amener à Lesparre-Médoc.
Des attelages furent donc commandés pour faire le charroi. On attela deux puissants boeufs et tout se passa bien jusqu'au chenal du Guâ que l'on traversait, en ce temps-là, sans pont.
Arrivés là, malgré les efforts de l'attelage, la charrette n'avançait pas d'un pas.
Les charroyeurs estimaient que la charge était trop lourde et une deuxième paire de boeufs fut attelée. Mais la charrette ne bronchait toujours pas. On essaya avec une troisième paire mais, là encore, on aurait dit que la charrette s'était embourbée.
Que faire ?
Les attelages commençaient à renâcler et à secouer la tête en la tournant toujours dans la direction d'où ils venaient.
Quand les bouviers s'en aperçurent, ils dételèrent les boeufs et ne laissèrent à la charrette que le premier attelage qui ne se fit pas prier pour changer de sens, en faisant face au bourg de Vensac.
Arrivés au pied de l'église, les boeufs s'arrêtèrent comme pour dire : « Cette cloche ne doit pas aller plus loin ».
Et la cloche resta à Vensac.
Les Vensacais s'étonnèrent d'entendre des sons si nets, si clairs.